Le plomb est un matériau miracle. Il possède toutes les vertus : inaltérable, facile à travailler, économique. Il se prête de bonne grâce à des usages multiples et variés, et accompagne les activités humaines depuis l’Antiquité. Revers de la médaille : c’est un produit toxique, et son absorption est néfaste. Chez Micro Orange, on connaît bien ce risque, et la direction vient de prendre de nouvelles mesures pour protéger ses salariés. En route pour une étrange balade industrielle...
Les aménagements techniques
Micro-Orange est une entreprise située sur la zone d’activité de Rousset, entre Aix et Saint-Maximum. Elle appartient au groupe Veolia, leader mondial de la propreté. Micro Orange réalise la collecte, le traitement et le recyclage des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE). Carole Gourvenec, responsable Hygiène et Sécurité, nous emmène vers l’atelier de déconstruction.
Du grille-pain au disque dur, en passant par l’écran de télévision ou le téléphone, explique-t-elle, les appareils électroménagers et les équipements électroniques contiennent des soudures au plomb. Lors des opérations de recyclage, les composants sont séparés, et le plomb peut être libéré sous forme de poussières. C’est ce risque que la Carsat nous a aidés à maîtriser. Et de manière simple et efficace.
Elle a en effet proposé de confiner la zone de tri, de mettre en place des vestiaires reprenant le principe des unités mobiles de décontamination, et d’abattre les poussières en suspension par brumisation d’eau.
Trois solutions simples et efficaces
Concrètement, cela s’est traduit par la pose d’une cloison et d’une porte métalliques, qui ferment maintenant un hangar jusqu’alors largement ouvert. « Les courants d’air pouvaient emporter la poussière générée en amont de la zone de tri, et la disséminer dans toute l’usine. A présent, le site est isolé » rappelle Carole Gourvenec.
Dans le même temps, des micro-asperseurs ont été installés sur les bandes roulantes qui convoient les déchets. « Les asperseurs ont été placés au dessus des dénivelés, là où, en tombant sur les tapis, les matériaux émettent de la poussière ». Il faut s’approcher pour distinguer ces petites buses. Elles diffusent un brouillard à peine visible, qui ne mouille ni les opérateurs ni les installations, mais alourdit suffisamment les poussières pour les empêcher de flotter dans l’air.
Enfin, la troisième recommandation de la Carsat Sud-Est prend la forme de deux bungalows, implantés pour servir de sas de décontamination. Les salariés y transitent dans un sens à la prise de service, et dans l’autre en fin de travail. « Ces bungalows sont constitués de deux zones, une dite sale, et l’autre propre. Entre les deux... la douche ! sourit Carole Gouvernec. Un nettoyage corporel soigneux en fin de journée et un changement complet de tenue évitent au salarié d’emporter des polluants à son domicile. »
Et chez vous, ça va ?
Êtes-vous sûr que vos salariés ne sont pas exposés au plomb ? Ou à d’autres métaux toxiques ? La Carsat est à votre disposition pour évaluer les risques, et vous aider, techniquement et financièrement, à y remédier.
La formation
Parallèlement à la mise en place de solutions techniques, Micro Orange forme ses personnels au risque d’exposition aux métaux lourds, et particulièrement aux poussières de plomb. Chaque nouvel embauché reçoit une formation spécifique, et les quarante salariés de l’entreprise bénéficient d’un module de formation annuel qui leur rappelle les dangers, les mesures de protection et la procédure de décontamination.
Je t’aime. Moi non plus
Roi déchu de la cosmétique comme de la tuyauterie, pour cause d’incompatibilité avec la santé humaine, le plomb reste présent à nos côtés, à la maison et au bureau, dans les points de soudures des composants électriques et électroniques. Ces soudures se comptent par centaines sur le moindre appareil.
Depuis 2005, la loi interdit l’usage du plomb aux soudeurs, mais pas aux robots industriels. Nos appareils regorgent donc toujours de soudures au plomb.
Durant la vie du produit, ce plomb est inerte et inoffensif, indique Laurent Fina, technicien de prévention de la Carsat. C’est lors de sa déconstruction que le risque apparaît. Le recyclage des appareils électroménagers et informatiques constitue une nouvelle industrie, promise à un fort développement. Ce secteur émergent doit tirer les leçons du passé industriel et protéger ses salariés. Nous pouvons l’y aider.
Micro-Orange a signé un contrat de prévention avec la Carsat. Ce type de contrat aide l’entreprise à établir un diagnostic, à définir des objectifs de prévention, et à les mettre en œuvre. La Carsat peut subventionner une partie significative des investissements engagés.
Le saviez-vous ?
- L’intoxication au plomb est la plus ancienne maladie professionnelle répertoriée. Elle est notamment responsable de désordres neurologiques ou d’atteintes rénales d’apparition tardive.
- La plombémie, chez un adulte non professionnellement exposé, est inférieure à 100 mg /l de sang.
- Lavage de mains insuffisant, pauses repas sur place, consommation de cigarettes, de chewing gum ou de bonbons, ou... port de la moustache : autant de facteurs d’intoxication qui peuvent être facilement évités par des mesures simples.
- Il existe des lingettes qui détectent immédiatement la présence de plomb sur la peau. Idéal pour réaliser un contrôle ou susciter une prise de conscience.