Au cœur de La Crau, un projet audacieux de construction d'une gendarmerie et de 18 logements, répartis sur 9 bâtiments en R+1, a révolutionné les bonnes pratiques de sécurité dans le secteur du BTP varois.

Dès son lancement en avril 2023, la mairie de La Crau, en tant que maître d'ouvrage (MOA), s'est engagée à revoir le projet initial et à appliquer les recommandations de la Carsat Sud-Est, préconisées lors de la première réunion de chantier. L'enjeu était de taille : intégrer les thèmes opérationnels prioritaires (TOP) du programme national Approche sectorielle BTP en mutualisant les moyens de protection collective.

Prévention et adaptabilité au cœur des chantiers BTP

3min lacrau photo 1Le projet de construction de la gendarmerie de La Crau présente des particularités, à la frontière entre la construction de maisons individuelles et de logements collectifs. L’entreprise de gros-œuvre (GO) SODOBAT, en charge des protections collectives du chantier, utilise régulièrement des protections plaquées grimpantes. Cependant, ce type d’équipement impliquent des contraintes particulières pour en assurer la conformité au fur et à mesure de l’élévation des murs maçonnés.

3min lacrau photo 2Stéphane MARX (sur la photo ci-contre), chargé des opérations à la Mairie de La Crau, nous explique quelles ont été les spécificités majeures de ce chantier :

« Nous n’avions pas prévu à la phase conception de dispositifs particuliers d’échafaudages. Le marché public prévoyait des systèmes de protection dans les lots du gros-œuvre et du façadier uniquement. C’est lors de la première réunion de chantier que nous avons été sensibilisés par Mme SERRIERE de la Carsat Sud-Est sur les limites des protections grimpantes prévues par l’entreprise de gros œuvre. »

Contrairement aux chantiers de construction de maisons individuelles où ce type de protection peut être toléré*, le chantier de la gendarmerie est composé de nombreux linéaires . Le dispositif de protections plaquées grimpantes n’assurait donc pas une fonction suffisamment efficace pour la sécurité des salariés et la prévention contre les chutes de hauteur. Par ailleurs, ce type de protection collective nécessite des manutentions importantes de pose et dépose de matériel. Le rôle de Stéphane MARX a donc été d’informer les élus qui ont reconnu rapidement le bien fondé des recommandations de la Carsat Sud-Est.

La réactivité et l'engagement du maître d’ouvrage à garantir une sécurité optimale ont conduit rapidement à adopter de nouveaux dispositifs de protection collective plus adaptés au mode constructif du chantier. Ce fut le démarrage d’une expérience collaborative efficace.


* Sous conditions cumulatives suivantes :

  • Matériel conforme à la norme NF EN 13374 classe A
  • Réalisation d'un mode opératoire
  • Plan de calepinage
  • Formation des salariés
  • Notice du fabricant sur le chantier

Collaboration inter-entreprise : les clés de la réussite

3min lacrau photo 3Cette prise de conscience a déclenché une collaboration proactive. « Nous avons dû réagir rapidement, contacter plusieurs locatiers pour obtenir des devis. Trouver un fournisseur capable de répondre dans les délais aux exigences complexes du chantier était crucial », explique Erwan CHARPY, conducteur de travaux de SODOBAT (ci-contre à gauche sur la photo).

« Cette démarche a permis d'éviter des manutentions répétées et des coûts supplémentaires, tout en garantissant la sécurité pour quatre corps d'état concernés : le gros-œuvre, la charpente, le serrurier et le façadier. »

Grâce à la volonté et la réactivité de SODOBAT, le chantier n’a subi aucun retard. Un gain de temps a d’ailleurs été observé grâce à la mise en place des échafaudages par la société de location directement. « Nos salariés ont pu se concentrer sur leur mission première » nous confie Maxime MASSEL, chef de chantier (ci-contre à droite sur la photo).

La mise en place de cet équipement de travail implique notamment une vérification quotidienne pour assurer le respect des normes de sécurité. Ainsi se pose la question de la responsabilité de la conformité des échafaudages.

3min lacrau photo 4Alexandre CAIRE (photo ci-contre), dirigeant du cabinet CAIRE ARCHITECTES, maître d’œuvre, nous répond : « À la mise en place, un examen d’adéquation permet de s’assurer que l’échafaudage sera adapté à l’opération à réaliser et qu’il pourra être utilisé conformément à la notice d’instructions du fabricant. Sa validation est assurée par les entreprises concernées, qui maîtrisent leur mode opératoire d’intervention. Tout au long du chantier, les entreprises utilisatrices sont engagées à réaliser un contrôle permanent ».

Si la mise en œuvre et le respect de sa conformité lors du montage et de la réception revient au locatier missionné, ECHA 2000, des vérifications journalières doivent être réalisées par les entreprises utilisatrices

Par ailleurs, Erwan CHARPY nous informe que pour ce faire, la moitié des équipes de SODOBAT a été formée à l’utilisation des échafaudages, conformément aux normes de sécurité.

Une fiche de vérification quotidienne est adossée à chaque dispositif d’échafaudage

Le locatier a su non seulement livrer dans les délais impartis une quantité suffisante d’équipements pour respecter les contraintes de sécurité, mais également déployer les moyens nécessaires pour assurer la formation des acteurs du chantier.

Cette initiative a démontré une capacité d'adaptation remarquable de l’ensemble des parties prenantes face aux enjeux de sécurité et ce, dans les délais impartis.

La mutualisation des moyens : un défi innovant pour ce type de chantier

L’adoption de l'échafaudage commun, bien que non prévue dans le marché public initial, a été un exemple frappant de flexibilité. Face à un coût de 45 000 euros non prévu initialement, la solution du compte prorata permet une répartition équitable des dépenses entre les entreprises concernées et un gain constaté a posteriori.

Cette solution est donc une réponse adaptée aux obligations de résultats en matière de santé et sécurité au travail pour tous les acteurs du BTP, et témoigne d'une coordination inter-entreprises sans précédent.

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Sur un chantier de cette ampleur, le dispositif mis en œuvre aurait-il pu être anticipé ?

Stéphane MARX évoque « les difficultés de prévoir une mutualisation des moyens dès la phase conception puisque c’est seulement lors du choix du maître d’œuvre, et du projet final, que le dispositif constructif est connu. » Un lot spécifique échafaudage est donc difficilement envisageable mais une réflexion est en cours dans les études des futurs programmes de la commune.

En revanche, CAIRE ARCHITECTES, le maître d’œuvre, a su capitaliser sur cette expérience et prévoir pour leurs nouveaux chantiers l’intégration de la mutualisation des moyens de protections collectives dans les pièces du marché (CCTP : Cahier des clauses techniques particulières). Charge à l’entreprise retenue d’intégrer au compte prorata du chantier le coût d’utilisation du moyen commun mis en place pour une sécurité collective optimale et adaptée.

Grâce à l’implication immédiate de la Mairie de La Crau, le soutien du maître d’œuvre en concertation avec le CSPS, et l’engagement de l’entreprise de gros-œuvre, le dispositif de sécurité collective testé sur un bâtiment puis déployé sur l’ensemble du chantier a pu être mis en place de manière efficace et efficiente.

La mutualisation des moyens : un modèle de sécurité et d’optimisation pour le secteur BTP

Cette approche collaborative a non seulement renforcé la sécurité sur le chantier mais a aussi réduit les risques liés à la manutention. Elle a ainsi répondu à l’un des thèmes opérationnels prioritaires de l’Assurance Maladie – Risques professionnels concernant la prévention des chutes. En acceptant de tester et de déployer des moyens communs de protections collectives, la mairie de La Crau et les entreprises ont fait preuve d'une adaptabilité exemplaire. Ce modèle, encouragé par la Carsat Sud-Est, est une source d'inspiration pour l'ensemble du secteur BTP. D’autres exemples de mutualisation des moyens ont d’ailleurs fait leur preuve dans la région Sud-Est.

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Selon Jérôme DASSOT, dirigeant de la société de charpente et couverture ITB, cette méthode devrait être systématiquement adoptée. « C'est un gain financier et de temps, réduisant aussi les risques d'accidents. La mutualisation des moyens est un dispositif à intégrer dans tous les chantiers BTP », affirme-t-il.

L'expérience du chantier de La Crau est une preuve éloquente que la mutualisation des moyens de protection collective est non seulement viable mais essentielle pour l'avenir de la construction. Des organismes de prévention comme l’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics) sont également présents pour accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de la prévention des risques professionnels. L'adaptabilité, la collaboration et l'innovation démontrées par le MOA et les entreprises intervenantes, sous la supervision de la Carsat Sud-Est, posent les jalons d'un secteur du BTP plus sûr et plus réactif aux défis de demain.

En savoir plus :

Documentation de l’INRS sur les risques liés aux chutes de hauteur

Documentation Guide prévention sur les risques professionnels Carsat Sud-Est

Dépliant Le programme Risques Chutes Pros BTP : votre solution pour réduire les risques professionnels

Ameli pour les entreprises - santé au travail - dans votre secteur - Bâtiment et travaux publics

Documentation partenaires : OPPBTP